Santé du réseau hydrographique de Petite Nation
Des variations de niveau des cours d’eau affecteraient un citoyen de Ripon
Un résident riponnais, Guy Chartrand, explique pâtir du niveau des cours d’eau sur son terrain depuis plusieurs années et pointe du doigt la gestion du lac Barrière imputable à la Municipalité de Lac-Simon.
Les eaux de printemps montent assez haut après la fonte des neiges, mais jusqu’à présent c’était une situation gérable. « Pendant 37 ans, je n’ai connu aucun problème. J’ai toujours eu des quais sur pilotis. Depuis cinq ans, la Municipalité de Lac-Simon s’amuse [sic] à mettre et à enlever des digues pour les besoins du tourisme », proteste-t-il.
Guy Chartrand indique qu’au cours d’une même journée, du fait desdites digues, « le niveau d’eau est remonté de 36 pouces ».
En 2018 déjà, Rémi Dinelle, qui résidait tout près du Lac-Grosleau à Ripon avait monté une pétition soutenue par les riverains contre la gestion simonette de ces eaux tantôt trop basses tantôt trop hautes.
Le courroux de M. Chartrand s’abat aussi sur les plaisanciers. « Les résidents des chalets du lac Barrière ne veulent pas de ces touristes qui dérangent les berges à passer à 100 000 à l’heure (avec leur embarcation). Si le maire de Lac-Simon a une conscience, il faudrait qu’il pense aux dommages qu’il fait aux berges.
Et les touristes, on n’en a rien à faire. S’ils n’ont pas les moyens de se payer un chalet, mais seulement un bateau, qu’ils aillent se promener à Ottawa, y’en a des canaux là-bas et même des écluses », fulmine-t-il.
La gestion du barrage par Lac-Simon
M. Chartrand souligne qu’il faut laisser la nature faire les choses. « Foutez-nous la paix », s’emporte-t-il à l’égard de la Municipalité simonette dont la gouvernance de son barrage en amont, selon lui, se répercute plus bas sur la population de Petite Nation affectée par les crues ou les eaux qui baissent. « Une année, je n’ai pas d’eau parce que Lac-Simon veut de l’eau. Une autre année, j’ai trop d’eau parce que lui n’en veut pas », s’agace-t-il.
Il souhaiterait que Lac-Simon tienne ses engagements et avise qui de droit à chaque fois qu’une digue est ajoutée ou enlevée. « C’est un manque total de respect », lâche le Riponnais.
Le sexagénaire précise que le problème est étendu.
« Ça va jusqu’à Papineauville, à la rivière des Outaouais. Il faut que ça s’arrête là. Il faut que le fédéral mette ses culottes. » Guy Chartrand
Du côté municipal, il considère que Ripon et Saint-André-Avellin sont impuissantes dans cette affaire.
Au-delà des récriminations de Guy Chartrand, L’info Petite Nation mettait déjà en lumière, en juin 2022, des cas analogues qui se trament en aval du lac Barrière.
Le maire de Lac-Simon contre-attaque
La réaction du maire Jean-Paul Descœurs ne s’est pas fait attendre. « Nous, on a, chaque année, une firme d’ingénieurs qui vient faire des contrôles depuis 1972 ! On a une charte à suivre avec un calendrier sur les différents niveaux d’eau. On suit ça RE-LI-GIEU-SE-MENT !
Le seul problème, c’est qu’on n’a pas de contrôle avec le gars tout en Haut qui ouvre la champlure, dans les cieux. Il pleut/il ne pleut pas, etc. », ironise celui qui appuie son allégorie par les précipitations exceptionnelles qui se sont déversées en juillet dernier.
Les connexions avec le réseau d’affluents sont nombreuses. « Enfin, on a 57 points d’eau qui se jettent dans le lac Simon dont trois rivières et le lac Gagnon. Donc, quand, en plus, il y a une grosse pluie le jeudi, le niveau d’eau chez nous monte le samedi. Bref, avec les gens de Ripon, ça fait 20 fois que je les rencontre. Je ne discuterai plus jamais avec eux ni avec Saint-André-Avellin », se fâche l’édile.
Le point de vue provincial…
Du côté de Québec, le ministère de l’Environnement confirme que la gestion dudit barrage relève de la municipalité de Lac-Simon.
En revanche, le point qui suit démontre la complexité du dossier. « Le Code civil du Québec accorde la propriété du lit des lacs et cours d’eau navigables et flottables, jusqu’à la ligne des hautes eaux, à l’État québécois. […] Nous parlons ici de la propriété des cours d’eau et non de l’encadrement des activités qui s’y déroulent ».
Québec et Ottawa se partagent un domaine particulier de responsabilité. « La propriété et les droits civils dans la province sont de compétence provinciale, mais la navigation est de compétence fédérale », conclut le ministère de l’Environnement provincial.
… et fédéral
Le fédéral évoque la situation géographique particulière. « Le lac Simon est situé dans le bassin versant de la rivière des Outaouais. À l’intérieur [de ce] bassin versant, la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO) est responsable de la planification et de la gestion intégrées des principaux réservoirs […], afin d’assurer la coordination des opérations provinciales influant sur les débits dans la rivière des Outaouais », fait valoir Environnement et Changement climatique Canada.
L’info Petite Nation a sollicité la CPRRO, mais notre requête est demeurée sans réponse. La CPPRO est un organisme composé des gouvernements québécois, ontarien, canadien ainsi que d’organismes.
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