Une couverture ambulancière insuffisante dans la Petite-Nation, estiment des élus
Santé
Une résidente de Duhamel de 70 ans est décédée la fin de semaine du 2 décembre à la suite d’un arrêt respiratoire en attendant l’ambulance. Un événement malheureux, qui fait écho à la problématique du manque d’ambulance dans la Petite-Nation.
La responsable de la communication de la Coopérative des Paramédicaux de l’Outaouais (CPO), Marie-Ève D’Aoust, explique que les ambulances sont en déploiement dynamique depuis fin octobre. Trois ambulances basées à Chénéville, Saint-André-Avellin et Thurso, se partagent le territoire de la Petite-Nation et la partie ouest de Gatineau. D’après ses dires, lorsque les ambulanciers reçoivent un appel pour récupérer un patient, le mobile de Chénéville est déplacé vers Saint-André-Avellin afin qu’il soit central, et rapide pour la majorité des municipalités autour.
Pour les municipalités du nord de la Petite Nation, il semblerait qu’aucune mesure particulière n’ait été mise en place, compte tenu de leur éloignement géographique. Une réalité tristement mise en lumière par l’incident survenu à Duhamel.
« Ce qu’il s’est passé cette fin de semaine, c’est qu’il y a eu un appel d’urgence à Duhamel pendant que l’ambulance qui couvre normalement ce secteur-là était à Saint-André-Avellin, et non à Chénéville. C’est pour cette raison que le délai était plus long qu’à l’habitude ».
Le plan de déploiement du CISSSO en cause ?
Mme D’Aoust rappelle que le plan de déploiement a été mis en place par le CISSS de l’Outaouais pour couvrir l’ensemble du territoire de la Petite-Nation, et non pas par la CPO.
« Ce n’est pas un enjeu de personnel, de ressources humaines ou que l’ambulance était en milieu urbain, c’est vraiment au niveau du plan de déploiement ».
Les demandes que les ambulanciers de la CPO soumettent au gouvernement pour résoudre le problème du manque d’ambulance sur le territoire sont pour le moment restées sans réponse.
De son côté, le CISSSO, qui n’a pas souhaité réagir pour des raisons de confidentialités à l’incident de Duhamel, annonce ne pas avoir décelé de problème à ce niveau-là.
« Depuis la conversion des horaires le 31 octobre 2022, on note une amélioration du temps réponse moyenne de 6 minutes sur l’ensemble des appels et nous n’avons pas d’augmentation des temps réponse pour les appels d’urgence vitale », affirme la conseillère en communication et relations médias, Camille Brochu-Lafrance.
Un problème récurrent
En mars dernier, la municipalité de Duhamel avait fait une demande de révision par voie de résolution au CISSSO, de la couverture ambulancière dans le nord de la Petite-Nation, une démarche appuyée par la MRC de Papineau.
Le maire de Duhamel, David Pharand explique que la direction du CISSSO a répondu à cette demande par une analyse qui affirmait que le service en place était bel et bien adéquat. Pourtant, les municipalités du nord de la Petite Nation bénéficient d’une couverture ambulancière moindre du fait de leur éloignement.
« Le CISSSO nous a encouragés à mettre en place un service de premier répondant, en raison de l’éloignement de notre municipalité par rapport aux services ambulanciers, mais durant la pandémie les formations étaient gelées », souligne le maire de Duhamel.
Mme Brochu-Lafrance souligne que le gouvernement du Québec a investi dans les services préhospitaliers pour les bonifier avec une transformation des horaires de faction en horaire à l’heure. C’est le cas pour : Papineauville (1 véhicule de faction transformé 24/7 et 1 véhicule de faction transformé 12/7) et Saint-André-Avellin (1 véhicule de faction de Chénéville transformé en 24/7).
Plus d’ambulances la nuit ?
Cette restructuration du service ambulancier sur l’ensemble du territoire de l’Outaouais fin octobre 2022, a été mise en place par la direction des services ambulatoires du Ministère à Québec. Une décision qui a conduit à la suppression de l’ambulance de nuit à Papineauville, soit 4370 h de service en moins.
Le maire de Papineauville, Paul-André David, regrette que ces décisions soient prises sans que les municipalités concernées en soient informées plus tôt. Il souligne l’impact de ces modifications, en mentionnant que la nuit, par tranche de 12 h il arrive qu’aucune ambulance ne soit disponible dans le secteur. Selon lui, les ambulances sont souvent immobilisées pendant plusieurs heures par manque de civière, ou appelées dans un autre secteur hors de la MRC de Papineau.
« Est-ce qu’une vie dans la MRC de Papineau vaut moins cher qu’une vie à Gatineau ou à Montréal ? »
Paul-André David
Appuyée par l’ensemble des municipalités de la MRC de Papineau, la Municipalité de Papineauville a réagi en formulant une nouvelle résolution à l’attention du ministre de la Santé et de la direction du CISSSO afin de reconsidérer la modification d’horaire et le retrait de l’ambulance.
Cependant, pour M. David, le problème va au-delà du retrait de l’ambulance de nuit dans sa municipalité. Il dénonce la centralisation du pouvoir à Québec et la mise à l’écart des municipalités concernant les décisions .
« La question ce n’est pas que l’ambulance soit ou non à Papineauville, ce qu’on veut savoir c’est si la partie nord de la Petite Nation est bien desservie ? Si on prend Duhamel par exemple et bien, on voit ce qui est arrivé la fin de semaine passée », s’exclame-t-il.
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