À l’écoute des agriculteurs, pour mieux les soutenir

Publié le 2 février 2022 par Laureen Peers

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Laureen Peers

Journaliste | lpeers@medialo.ca

Du 30 janvier au 5 février, se tiendra la 32ème Semaine de prévention du suicide ayant pour slogan « Parler du suicide sauve des vies ». Il est important d’en parler, mais il est également primordial d’être à l’écoute pour aider les personnes en détresse psychologique avant qu’un drame ne se produise.

La travailleuse de rang Julie Bourbonnière est à l’écoute des agriculteurs de la région pour mieux les soutenir psychologiquement. (Photo gracieuseté – Écoute agricole)

Écoute Agricole est justement un organisme qui est là pour sensibiliser, intervenir et mettre en liaison les agriculteurs avec les bonnes personnes afin de favoriser leur bien-être. Quatre travailleuses de rang se partagent la région des Laurentides et de l’Outaouais. Leurs services sont gratuits et destinés à tous ceux issus du milieu agricole.

« La particularité des travailleurs de rang, c’est que l’on comprend la réalité agricole. On va adapter nos interventions en fonction de leur besoin. Ça m’est déjà arrivé, d’être dans l’étable pour faire une intervention et de devoir aider l’agriculteur parce que son employé n’est pas venu. Donc, je l’ai fait avec l’agriculteur tout en discutant avec lui. Ça lui permet de ventiler parce qu’il ne voyait pas le bout ce jour-là », explique Julie Bourbonnière, travailleuse de rang à Écoute Agricole.

Une augmentation des interventions

Au cours de l’année 2019-2020, 473 interventions ont été effectuées dans les 16 MRC couvertes par Écoute Agricole, alors qu’en 2021, ce sont 612 interventions, et ce, malgré la pandémie. Mme Bourbonnière explique cette augmentation par le fait que l’organisme est de plus en plus connu et surtout que « le monde agricole s’est ouvert aux problématiques de santé mentale ». À noter que ce ne sont pas seulement les agriculteurs qui font appel à eux, cela peut être un voisin, un ami, un proche, un intervenant agricole, un vendeur de produits agricole, des personnes qui détectent des problèmes et qui s’inquiètent.

« Les travailleurs de rang sont un service essentiel. Quand un agriculteur en est venu à négliger ses animaux, ou ses champs, c’est qu’il est en détresse psychologique. Il n’y a pas besoin de se faire pointer du doigt, bien au contraire », explique Anouk Préfontaine, agricultrice à Mont-Laurier.

Disponible en tout temps

Une autre particularité d’Écoute Agricole est d’être disponible en tout temps, sans avoir besoin de prendre rendez-vous et de devoir faire le déplacement. Déplacement qui est justement problématique dans le milieu agricole, surtout au cours de la haute saison. Les travailleuses de rang peuvent être sollicitées aussi bien par téléphone, courriel que par le biais des médias sociaux, avant de se rendre sur place pour intervenir.

« Des fois, les agriculteurs sont dans le tracteur et ils nous envoient des messages, car c’est plus facile pour eux. Ça ne prend pas 1h15 pour prendre des nouvelles, ou de faire un suivi suite à un référencement qu’on a donné. Quand il y a une crise et que ça ne va vraiment pas, oui, ils vont téléphoner, mais ils commenceront toujours par un texto, surtout les hommes », indique Mme Bourbonnière.

« On se fait dire souvent que c’est facile de nous joindre et moi, je me fais un devoir d’être joignable, sinon je ne peux pas les aider. » – Julie Bourbonnière, travailleuse de rang

Mme Préfontaine connaît l’organisme depuis ses débuts, elle n’a pas hésité à en être membre, mais également à s’y investir. Elle apprécie notamment le fait d’obtenir de l’aide immédiatement, que ce soit au bout d’un texto ou d’un message sur Messenger. « Écoute Agricole, ce n’est pas du 9 à 5. Le dimanche matin à 10h, quand tu es désemparé, il y a toujours quelqu’un qui répond. »

Cette agricultrice de Mont-Laurier raconte qu’elle a également fait des signalements pour d’autres agriculteurs et qu’elle a, elle-même, consultée au fil du temps. « Quand mon conjoint est parti, mes enfants avaient 3 et 5 ans. J’avais 100 moutons à gérer toute seule. C’était dur. Je devais les laisser seuls un moment et j’espérais qu’ils ne se réveillent pas, parce que je devais fermer les lumières de la bergerie et repousser le foin pour la nuit. Ce n’était pas facile », témoigne-t-elle.

Interventions adaptées aux besoins

Écoute Agricole n’est pas uniquement là pour aider les agriculteurs en détresse psychologique. Les travailleuses de rang mettent également en contact les agriculteurs avec des services d’aides spécifiques tels qu’un comptable spécialisé, un vétérinaire ou encore un médecin de famille.

« Il n’y a jamais de mauvaises raisons pour faire appel à nous. Des fois, ce n’est pas de nous dont ils ont besoin, on va donc être agent de liaison en les référant vers les bonnes personnes. On est outillé pour connaître les bonnes ressources du milieu agricole et les mettre en contact », indique Julie Bourbonnière, avant d’ajouter que « les dossiers ne se ferment jamais. On va intervenir soit de manière très régulière soit c’est une ou deux fois, mais, on sera toujours là pour eux ».

Des chiffres qui parlent…

En 2021, Écoute Agricole a effectué 612 interventions contre 473 en 2019-2020. Les cinq secteurs ayant reçu le plus d’interventions sur les 16 MRC couvertes dans Laurentides-Outaouais sont: Mirabel, Deux-Montagnes, Argenteuil, Papineau et Antoine-Labelle.

Les motifs de demandes:

Conflits familiaux, le travail en famille;
Surcharge de travail par manque de temps;
Problème de santé psychologique (se sentir déprimé, anxieux, stressé, dépassé);
Problème de couple parce qu’on travaille beaucoup, on ne prend pas soin de son couple;
Soucis financiers.

Même si ça s’est généralisé, en 2021, ce sont 55% d’hommes et 45% de femmes qui ont fait appel à Écoute Agricole.

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