Le film d'Ariane Louis-Seize
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant : pacte de sang pour deux âmes errantes
Ce vendredi 13 octobre est la sortie très attendue de "Vampire humaniste cherche suicidaire consentant" , premier long-métrage de la Gatinoise Ariane Louis-Seize qui signe là une œuvre originale. Entrevue avec une ambassadrice de notre région.
Primé à la dernière Mostra de Venise, le film d’Ariane Louis-Seize mêle humour noir et romantisme esthétisant. Ce n’est pas un énième film de vampires, mais plutôt un récit initiatique ritualisé sur deux adolescents en souffrance.
Sasha est une jeune vampire qui se nourrit de pochettes de sang, car incapable de chasser et sans l’envie même de s’y résoudre. En réponse, ses parents cessent de lui fournir la précieuse assistance revigorante. Hagarde, Sasha se lance alors en quête d’une proie dans la nuit giboyeuse. Ça n’est pas une mince affaire pour une vampire sensible.
Heureusement, son regard va croiser celui de Paul, un garçon aux idées noires. Objet de brimades, il pourrait incarner la victime sacrificielle et nourricière dont se repaîtrait Sasha. Tous deux cultivent une certaine marginalité toute naturelle.
Arborant une longue chevelure de jais qui, associée à son teint blafard, correspond parfaitement au personnage et au voile noir du mystère l’entourant, l’actrice Sara Montpetit crève l’écran (bande-annonce de l’opus). On imagine mal une blonde dans ces ténèbres. « Sara, je l’avais en tête, car elle a une aura mystérieuse. Je cherchais vraiment une présence. Donc, la protagoniste aurait pu être blonde, mais c’est vrai que Sara avait le physique parfait du rôle », décrit la réalisatrice.
Détail cocasse : Sasha figure le diminutif du prénom Alexandre qui signifie « celui qui protège ». À l’inverse, Paulus en latin veut dire petit ou faible. « C’est un adon. Moi, j’y vais au feeling pour nommer les personnages », observe-t-elle.
Itinéraire d’une artiste outaouaise
Âgée de 37 ans, Ariane Louis-Seize a étudié le cinéma au Cégep de l’Outaouais. Elle a aussi effectué plusieurs cursus tant à Gatineau qu’à Montréal dans une école privée (profil scénarisation). Sitôt close cette formation en 2013, elle remporte un concours intitulé « Cours écrire ton court » chapeauté par la SODEC. Cela aboutira, in fine, sur son court-métrage La peau sauvage (Wild skin), une sorte d’avant-goût implicite de Vampire humaniste.
La cinéaste s’est fait les dents pendant une dizaine d’années sur le court-métrage avec succès. Elle a su ronger son frein et attendre le bon moment pour se lancer dans le grand bain du long-métrage.
Quand on a réalisé un premier long, on n’a pas, pour autant, un pied définitif dans le 7e art. « Un premier long-métrage avec succès qui te fait voyager, ça aide, c’est certain. Une rampe de lancement crée une attente. Cela dit, si tu écris un mauvais scénario, tu n’auras pas automatiquement une aide financière. Ça dépend de plusieurs facteurs : être à la bonne place et au bon moment ; écrire sur un sujet qui soit dans l’air du temps etc. »
Dans un court-métrage d’animation récent (See you in my dreams), il est question de porosité entre la vie et la mort. C’est un thème que l’on peut apposer à Vampire humaniste cherche suicidaire consentant aussi. « Le sujet de l’apprivoisement de la mort et de vivre avec des gens qui ne sont plus là, m’intéresse beaucoup », explique Ariane Louis-Seize.
Ses influences
Son vampire revisité procède de plusieurs influences. « Mon but était de faire un mélange entre Noah Baumbach et A Girl walks home alone at night (réalisé par Ana Lily Amirpour), un film de vampire qui m’a fascinée. Il y a aussi The Hunger (Les prédateurs en version française, 1983) de Tony Scott. C’était la première fois que je voyais des vampires qui n’étaient pas juste des créatures assoiffées de sang, mais aussi des personnes avec des dilemmes moraux », détaille la cinéaste.
Mme Louis-Seize fuit tout manichéisme. « Le bien, le mal. Les films avec des super méchants vs des super gentils. J’y suis indifférente : je ne me reconnais pas là-dedans. Je préfère l’entre-deux, la zone grise », conclut-elle.
En phase d’écriture, son prochain film sera une adaptation de Ceux qui se sont évaporés d’après une pièce de théâtre de Rebecca Déraspe.
Cliquer ici pour les lieux et horaires de la programmation de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.
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