Christian Quesnel illustre une étude sociologique
Le bédéiste bien connu de Saint-André-Avellin, Christian Quesnel, a récemment illustré, sous forme de bande dessinée, une partie d’une vaste étude sur le suicide. Le livre de plus de 70 pages s’intitule : «Vous avez détruit la beauté du monde : Le suicide scénarisé au Québec depuis 1763».
Cet ouvrage se penche sur les messages envoyés par le suicidé dans l’élaboration de la mise en scène dans laquelle on l’a trouvé. L’étude réalisée par les historiens Isabelle Perrault et André Cellard, ainsi que le sociologue et criminologue Patrice Corriveau, tous professeurs à l’université d’Ottawa, se base sur l’étude de plus de 20 000 dossiers recueillis à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Ces dossiers sont étalés de 1763 à 1986 et composés de rapports de coroners et de photos très crues.
Illustrer la fatalité
Désirant présenter cette partie de l’étude d’une manière originale et respectueuse, les auteurs ont décidé de le faire sous forme de bande dessinée. C’est donc ici qu’entre en jeu Christian Quesnel.
Par des amis communs, M. Quesnel a été contacté et mis au fait du projet. « J’ai reçu un coup de téléphone et c’était André Cellard, un des criminologues, qui vivait avant à Ripon», mentionne-t-il. MM. Quesnel et Cellard ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, malgré la proximité entre leurs lieux de résidence.
Lorsque M. Cellard a parlé du sujet à Christian Quesnel, celui-ci a été stupéfait. «J’ai physiquement reculé d’un pas.» Il avoue ne jamais avoir pensé illustrer un sujet aussi difficile.
Les auteurs de l’étude lui ont par contre assuré qu’il avait une grande latitude dans ses illustrations. «[André Cellard] me disais que j’avais une entière liberté, que j’avais carte blanche pour le faire, mais c’est sûr que c’était avec leur texte. J’avais quand même une écriture à faire en bande dessinée que j’ai apportée.»
Une approche inédite pour le sujet
M. Quesnel affirme que bien que certaines études scientifiques aient déjà été présentées sous forme de bandes dessinées, aucune ne traitait du suicide. Il note également que les autres formes de BD représentant notamment des thèses de doctorat étaient plutôt d’un type caricatural.
Un sujet difficile
Selon M. Quesnel, pour passer à travers une matière qui peut parfois être d’une violence incompréhensible, il a fallu avoir des rencontres, avec les auteurs, empreintes de légèreté et d’humour.
Il avoue également avoir appris que certaines méthodes utilisées et relatées dans les dossiers pouvaient être radicales. Sa mission était donc de rendre le contenu de l’étude sans tomber dans la représentation graphique exacte des scènes proposées. «Ça prend un peu de pudeur, ça prend de la retenue».
Il déclare que son travail a été ponctué de plusieurs choix entre ce qu’il allait illustrer et ce dont il allait seulement parler pour éviter de tomber dans l’horreur. «C’est pour ça qu’ils l’ont fait en bande dessinée, parce que s’ils avaient fait un livre avec des images, les gens auraient fermé le livre.»
Il ajoute que plusieurs photos qu’il a vues sont d’une violence insoutenable. «J’ai servi un peu d’éponge entre le lecteur et les documents du coroner».
M. Quesnel soutient que le lecteur peut très bien s’imaginer une situation seulement en l’évoquant textuellement. «C’est la magie de la BD!»
Quantité et degré de difficulté
Bien qu’il ne puisse affirmer avec certitude le temps exact qu’un livre contenant autant d’illustrations peut prendre à concevoir, Christian Quesnel évalue à environ 10 à 12 mois de travail pour en arriver au résultat final. La difficulté d’évaluation vient du fait qu’il travaille souvent sur plusieurs projets à la fois.
« Avant je travaillais sur un projet pendant X nombre de temps, maintenant je travaille sur deux ou trois projets en même temps.»
Chaque illustration, même de dimension similaire, ne représente pas non plus le même degré de difficulté pour lui. Il cite en exemple une scène au-dessus de l’université d’Ottawa avec plusieurs immeubles réels comprenant beaucoup de détails comparativement à d’autres cases où il n’y a qu’un visage.
Pour une illustration de visage, M. Quesnel dit se documenter beaucoup et prendre plusieurs photos des personnes concernées, comme les auteurs dans le cas présent.
Le choix d’introduire une scène par une image plus grandiose est également pensé selon l’illustrateur. «Tu fais une ouverture de scène avec une illustration plus grandiose, entre guillemets, et après […] les gens situent tout de suite l’espace.»
Un autre choix artistique de Christian Quesnel a été la couleur de chaque case pour représenter l’espace-temps dans lequel la scène se déroule. Les scènes sur fond bleu signifient l’instant présent, tandis que celles sur fond sépia sont au passé. Il arrive même parfois qu’un des auteurs parle en exergue au présent d’un cas passé.
Méthodologie
Au début du livre, les illustrations représentent le processus menant à la création de l’œuvre par les rencontres explicatives ayant eu lieu entre les auteurs et l’illustrateur. Pour Christian Quesnel, ceci n’illustrait que la méthodologie employée pour présenter tout document universitaire. «Tu exposes ton cadre théorique et aussi ta méthodologie. Ils ont fait ça exactement de même. Ils ont fait comme si c’était une thèse.»
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