Système de santé au Québec
Des incitatifs financiers pour les infirmières du réseau public
Les infirmières à temps plein dans le réseau public de la santé au Québec recevront des primes d’attractivité et de rétention pouvant atteindre jusqu’à 15 000$. Dans cinq régions, dont l’Outaouais, cela pourra atteindre 18 000$.
C’est l’annonce que le premier ministre François Legault a faite le 23 septembre en compagnie du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ainsi que de la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel. « Devant une situation exceptionnelle, il faut prendre des moyens exceptionnels », a déclaré le premier ministre.
Selon M. Legault, une « petite révolution » s’amorce dans la gestion du système de santé, qu’il juge « dysfonctionnel » depuis des années. Avoir 40% des infirmières du réseau public à temps partiel est tout bonnement insensé, croit-il.
« Il n’y a aucune organisation qui pourrait être gérée de façon efficace avec 40% de ses employés importants qui sont à temps partiel. » – François Legault
Le premier ministre estime que la situation actuelle engendre deux autres problèmes chroniques: le temps supplémentaire obligatoire (TSO) qui « a explosé » et le recours aux agences privées de placement.
M. Legault pense s’être attaqué aux problèmes du réseau de la Santé et des Services sociaux depuis son accession au pouvoir voilà trois ans, mais la pandémie de COVID-19 est venue exacerber les problèmes déjà vécus. « Partout, on manque d’infirmières », a-t-il observé, avant d’ajouter que beaucoup d’entre elles avaient décidé de quitter le réseau, amplifiant d’autant la lourdeur de la tâche pour celles qui sont restées.
Le défi, d’après le premier ministre, est d’accélérer le recrutement de personnel en attendant qu’entrent en vigueur les nouvelles conventions collectives que son gouvernement a négociées. M. Legault entend « réorganiser le travail » afin de pouvoir offrir aux infirmières une meilleure conciliation travail-vie privée/famille et une meilleure prévisibilité d’horaire.
Des incitatifs à court terme
Pour « se rendre jusque-là », M. Legault estime que le Québec a besoin « d’une passerelle », sous la forme d’incitatifs financiers pour les infirmières et infirmières auxiliaires à temps plein, mais aussi les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques.
Les infirmières actuellement à temps plein dans le réseau et celles qui décideront de le devenir recevront donc un boni de 15 000$.
Celles qui ont quitté le réseau, mais qui feront le choix de revenir auront droit à un boni de 12 000$.
Enfin, dans cinq régions du Québec qui vivent des situations particulières, la prime pour les infirmières à temps plein pourra grimper jusqu’à 18 000$ pour celles en postes et à 15 000$ pour celles qui reviendront dans le réseau. L’Outaouais en fait partie, avec les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
Coût de l’opération? Environ 1 G$ pour le gouvernement du Québec. Des moyens « costauds », a jugé M. Legault. « C’est beaucoup d’argent, mais on pense que la situation le justifie. »
Mesures supplémentaires et effets attendus
De son côté, le ministre de l’Emploi, Jean Boulet, travaille à recruter des gens à l’extérieur du Québec et à l’accélération de la formation des infirmières auxiliaires.
Le ministre Dubé a ajouté qu’au printemps 2022, 3 000 agents administratifs viendront donner un coup de main aux infirmières pour les soulager de « la paperasse » à remplir.
Ces mesures devraient, selon M. Legault, réduire de façon très importante les problèmes chroniques du TSO et du recours aux agences de placement privées. M. Dubé souhaite que le pourcentage de personnel à temps plein dans le réseau grimpe rapidement de 60% à 75%.
« On a très bien compris que l’essentiel pour les infirmières, c’est pas l’argent, c’est la qualité de vie (…) », a lancé M. Legault, qui souhaite que le réseau public au Québec soit capable d’offrir les meilleures conditions.
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