Les langues ancestrales sont menacées, disent les participants
Un forum sur les droits linguistiques des Autochtones
La communauté de Wendake, près de Québec, accueille ces jours-ci un forum sur la défense des droits linguistiques des Premières-Nations. Organisé par l’Assemblée des Premières-Nations Québec-Labrador (APNQL), le forum réunit 43 chefs et leaders de toutes les nations autochtones du Québec.
Deux constats ressortent des travaux de ce forum : 1-les langues ancestrales disparaissent peu à peu, ce qui accélère le processus d’assimilation des Premiers-Peuples. « C’est un enjeu que doivent partager toutes les nations autochtones du Québec, indique la coordonnatrice du Comité régional sur les langues ancestrales, Sarah Cleary. La perte de nos langues ancestrales, c’est le début de la perte de nos cultures et de nos traditions. »
Second constat : le gouvernement du Québec doit respecter les droits linguistiques des Premières-Nations. Dans cette optique, le gouvernement Legault n’a pas à légiférer à ce sujet. « Cela ne relève pas de la juridiction de Québec, prévient Sarah Cleary. Ce sont aux Premières-Nations à déterminer les lois linguistiques sur leurs territoires. »
À cet effet, Mme Cleary dénonce le projet de loi 14, qui vient justement mettre des bâtons dans les roues à ceux qui veulent faire revivre les langues ancestrales. « Le gouvernement doit abaisser les barrières systémiques reliées au projet de loi 14, estime Mme Cleary. On veut renforcer le français, mais cela se fait au détriment de nos langues ancestrales. »
L’exemple mohawk
Quelques nations sur le territoire québécois ont d’ailleurs commencé à légiférer dans leurs communautés. La nation Mohawk a été la première à légiférer sur sa langue, et son exemple est donné lors du forum. La communauté Eeyou-Itschee a elle aussi adopté la Loi sur la langue crie, en 2019. On attend encore ses effets concrets, dit le Commissaire à la langue crie, Jamie Moses. « Nous voulons renverser la tendance, dit M. Moses. Nos aînés d’aujourd’hui ont survécu aux pensionnats, mais ils ont perdu leur langue, puisqu’on les a empêchés de la parler. Nous devons donc compter sur leurs parents, qui sont les vrais gardiens de notre langue. »
Il y a donc un certain sentiment d’urgence chez les Cris, avec le vieillissement de ces aînés. Heureusement, la Commission scolaire crie a pris des mesures. « Il existe maintenant un programme de maîtrise en langue crie, indique M. Moses. Nous avons aussi des programmes d’adaptation de la langue à la technologie. C’est là l’un de nos principaux défis pour inciter nos jeunes à adopter la langue crie. La langue de la technologie, c’est l’anglais, et nos jeunes tendent naturellement vers cette langue. »
Des politiques communes
Jamie Moses croit que le fait de réunir toutes les Premières-Nations autour du dossier des langues ancestrales permettra de démontrer au gouvernement du Québec le sérieux de leur démarche. Il permettra aussi de développer un certain respect pour ces langues. D’ailleurs, M. Moses constate ce respect lorsqu’il se promène à Val-d’Or. « Je suis allé chez Walmart l’autre jour, et la caissière, quand elle a vu que j’étais Cri, a pris la peine de me remercier dans ma langue. Cela montre que la population a un respect pour nous et notre culture. Au gouvernement maintenant de faire de même. »
Il exhorte aussi ses propres membres à faire preuve d’une certaine fierté. « Il faut que ça parte de nous, estime Jamie Moses. On peut mettre sur pieds des politiques, mais il revient à chaque foyer, à chaque famille de les mettre en application. De plus en plus de nos membres identifient l’anglais comme leur langue première. Nous pouvons et nous devons renverser cette tendance. »
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