Patrimoine
Les églises de la Petite Nation sont-elles condamnées à fermer?
En 2015, l’église de Lac-des-Plages cessait définitivement ses activités de culte religieux. En 2016, la municipalité de Fassett annonçait la fermeture de sa paroisse. Cette année, c’est au tour de l’église de Saint-Émile-de-Suffolk de mettre la clé sous la porte. Qu’est-ce qui pousse les églises à fermer les unes après les autres ?
La fermeture de l’église de Saint-Émile-de-Suffolk était inévitable selon la secrétaire-trésorière de l’église en question, Guyane Mireault.
“C’est un coup dur pour ceux qui étaient très impliqués, mais on s’y attendait. Avant la COVID-19, il y avait une douzaine de personnes qui venaient assister aux messes régulièrement, mais maintenant ça nous arrive d’être juste quatre. Ça nous revenait trop cher de prendre un prêtre. C’est le cas pour de plus en plus d’églises.”
“Les gens sont déçus, mais ils ne répondaient plus à l’appel! On ne peut pas se dévouer pour personne ”, ajoute-t-elle.
Un témoignage corroboré par le gestionnaire de l’Archidiocèse de Gatineau, René Laprise. Le gestionnaire souligne à son tour les difficultés économiques rencontrées actuellement par les églises. Selon lui, l’ensemble des paroisses du Québec et même plus généralement du Canada sont confrontées à des soucis financiers du même genre. Le défi économique et le manque de ressources humaines sont réels.
« Chaque année, ce sont plusieurs milliers de dollars de frais de maintenances auxquels les églises doivent faire face, et pas seulement en Petite Nation ». René Laprise
“C’est le cas pour l’église de Saint-Émile-de-Suffolk a enregistré un déficit budgétaire de 7000 $, ce n’est plus viable. Les dépenses liées à l’électricité et au chauffage sont extrêmement élevées ici en hiver”, ajoute t’-il.
Un enjeu national
L’avenir incertain des églises est un phénomène que l’on constate dans l’ensemble du pays. Le gestionnaire de l’archidiocèse de Gatineau rappelle que chaque paroisse vit des dons des paroissiens qui fréquentent le lieu de culte en question. C’est d’ailleurs sa source principale de revenus.
“C’est un fait que l’on observe à travers tout le Canada. Si l’on prend le Québec comme référence : sur 8,8 millions de personnes, plus de 5,5 millions sont recensés comme étant de religion catholique, mais le taux de pratiquants varie entre 3 % et 5 % selon les régions. Si l’on fait le calcul, 5 % sur environ 6 millions de personnes enregistrées comme catholique, ça fait très peu ”, explique M. Laprise.
Le gestionnaire de l’Archidiocèse de Gatineau, René Laprise, souligne les difficultés économiques rencontrées actuellement par les églises dans la Petite Nation comme dans l’ensemble du Québec.(L’info Petite Nation-gracieuseté)
Ce dernier souligne que la diminution de personne prête à s’engager dans le conseil de fabrique est également source de complication, de même que le peu de prêtres qui officient en région. Actuellement, il y a deux prêtres qui se répartissent les 13 paroisses de la région de la Petite Nation.
“Cette réalité commence à se vivre un peu partout. Avant dans les villages, l’église était l’un des bâtiments phares, avec le bureau de poste et l’école. Maintenant, il n’y a plus le budget nécessaire, ne serait-ce que pour animer ces endroits-là. Sans compter que les bâtiments vieillissent de plus en plus au Québec. C’est pour cela qu’on voit de plus en plus de fusion entre les paroisses. Comme c’est le cas avec les paroissiens de Saint-Émile-de-Suffolk et de Namur qui devront aller à l’église de Chénéville”, affirme-t-il.
Pour le moment, la vocation prochaine de l’église de Saint-Émile-de-Suffolk reste encore inconnue. La municipalité ne souhaite pas reprendre le bâtiment selon M. Laprise.
“C’est un bâtiment qui va avoir besoin de beaucoup d’amour comme on dit ici, mais ça peut être le point de départ d’un nouveau projet”, conclut-il.
L’ intérieur de la paroisse de Saint-Émile-de-Suffolk qui a fermé récemment.(Photo L’info petite Nation-gracieuseté)
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