Un documentaire qui fait revivre l’ancien théâtre de Saint-André-Avellin

Publié le 26 septembre 2023 par Juliette Pissard

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Juliette Pissard

Journaliste | jpissard@medialo.ca

Cynthia d’Aragon Bisson, petite fille du cofondateur du Théâtre Royal de Saint-André-Avellin, Octave Bisson, est passée derrière la caméra pour raconter l’histoire du théâtre de ces débuts en 1950 jusqu’à sa démolition. Intitulé « Les Enfants du Théâtre », le documentaire destiné à faire revivre ce lieu culturel en laissant une trace visuelle de son existence sera projeté le samedi 30 septembre prochain au 156, rue Principale à Saint-André-Avellin.

Cynthia d’Aragon Bisson enfant jouant dans le théâtre avec sa sœur.(Photo gracieuseté)

Pour l’Avellinoise, cette projection représente l’accomplissement d’un travail s’étalant sur plus de 8 années, les premières images du film ayant été tournées lors de la première journée de démolition du théâtre, le 13 juillet 2015. Le film sera d’ailleurs projeté à l’endroit même où avait été construit le théâtre en 1949 par les frères Bisson, une manière symbolique de rendre hommage à cet ancien lieu culturel qui a participé à la vie de la communauté pendant 60 ans.

Le propriétaire Daniel Bisson dans la salle des machines dans les années 80.(Photo gracieuseté)

Un lieu emblématique de la région

C’est à travers les témoignages recueillis auprès des gens de la Petite Nation que la petite fille d’Octave Bisson a réalisé que ce lieu qui était si cher à ses yeux l’était aussi pour la population de la Petite Nation qui venait assister aux nombreux spectacles de variétés, pièces de théâtre et projections de film.
« J’ai pour ce théâtre un attachement très particulier. J’y ai grandi, c’était mon terrain de jeu enfant. C’est un endroit lié à moi, mais aussi à tous les gens de la Petite Nation qui ont beaucoup de souvenirs au Royal. Pour certains, c’était la première fois qu’ils voyaient des images sur grand écran, d’autres y ont rencontré l’amour. C’était avant tout un lieu de rassemblement pour les gens du coin », explique la réalisatrice.

Raconter le passé

Dans ce premier moyen-métrage réalisé quasiment de bout en bout avec ses propres moyens, Cynthia d’Aragon Bisson évoque l’histoire du théâtre. Elle y parle de sa famille, de ses jeux d’enfants, des rencontres faites là-bas, des artistes qui ont fait leur premiers pas sur scène, de l’ambiance festive qui y régnait.
« J’ai des souvenirs où je revois les gens chanter et danser. C’était très ouvert. N’importe quel artiste qui souhaitait monter sur scène le pouvait. C’était un endroit où il était permis de rêver, de tenter sa chance. Il n’y a plus vraiment de lieu comme ça aujourd’hui pour la diffusion culturelle et artistique de la région », note Mme d’Aragon Bisson.

Une histoire de famille

Les frères Michel Bisson et Daniel Bisson (le plus jeune, au Centre) et leur mère Huguette Bisson, née Legris, devant le Théâtre Royal dans les années 60. (Photo gracieuseté)

Depuis ses débuts le théâtre Royal est une affaire de Famille, le fils d’Octave Bisson, Daniel Bisson avait repris le flambeau. Il a été le propriétaire des lieux de longues années durant jusqu’à son décès ou le théâtre a été racheté par Yvan Tanguay, et renommé le Théâtre des Quatre Sœurs, en l’honneur de ses quatre filles.
« C’était un double deuil pour moi. J’avais 11 ans à l’époque, je perdais mon père et le théâtre était vendu », se souvient-elle.
Malgré les efforts du dernier propriétaire pour maintenir le lieu à flot, le théâtre, qui ne bénéficiait pas de subventions, a fait faillite. La fille Bisson raconte que de nombreux organismes de la région se sont rassemblés pour transformer l’endroit en un espace multiculturel et communautaire, mais selon elle, la MRC de Papineau a décliné une quelconque responsabilité vis-à-vis du théâtre, qui a été racheté puis démoli en 2015. Un crève-cœur pour la réalisatrice, qui s’est donné pour mission de ne pas laisser l’ancien Théâtre Royal sombrer dans l’oubli.
« C’était mon rêve de pouvoir laisser une trace du théâtre, pour que les gens se souviennent de ces 61 ans d’existence, et pour que ceux qui ne le connaissaient pas puissent découvrir une partie de l’histoire de la Petite Nation », conclut la réalisatrice.