Un Collectif de femmes en Petite Nation crée un « Laboratoire Sororal »

Publié le 22 mars 2023 par Juliette Pissard

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Juliette Pissard

Journaliste | jpissard@medialo.ca

Dans un atelier artistique, au cœur de Ripon, un groupe de femmes en Petite Nation se sont réunies afin de réfléchir, parler, expérimenter et créer. Ensemble, elles ont donné naissance à un collectif féminin et féministe, qui trouve son essence dans la sororité : le Laboratoire Sororal.

Les membres du Laboratoire Sororal. De gauche à droite en haut: Nancy Yank, Krystel Levert, Néréa Chabot et de gauche à droite en bas Clarisse Delatour, Danael Boisvert, Anne-Élisabeth Côté. (Photo gracieuseté Krystel Levert)

À l’origine de cette initiative, Krystel Levert, maraichère l’été, dessinatrice l’hiver dont l’atelier de création artistique se trouve à Ripon, au-dessus du café des Orties. Ayant dans l’idée d’explorer la création collective, elle contacte plusieurs de ses amies. Nancy Yank, Néréa Chabot, Clarisse Delatour, Danael Boisvert, et Anne-Elizabeth répondent à l’appel.
Dans le cadre de l’exposition « Femmes au front » au Centre d’action culturelle de la MRC de Papineau, elles décident de créer une œuvre représentative de la lutte des femmes. Chacune a donc partagé avec les autres sa représentation de la lutte féministe. Mais créer ensemble quand on a des perceptions, des émotions, des opinions et un passif différent peut vite s’avérer compliqué comme l’explique l’instigatrice du projet. « Certaines voulaient exprimer la colère face au patriarcat, d’autres voulaient plutôt porter un message d’espoir, puis, ainsi de suite. Ce n’est pas possible de représenter les émotions de cinq femmes différentes dans une même œuvre ».
« Finalement, on s’est mise d’accord pour créer une sculpture, avec plusieurs visages qui reflètent les émotions ressenties en abordant la thématique “Femmes au front” », ajoute-t-elle.
Les différents visages que l’on voit, créés à partir de grillages, de papiers mâchés, de tissus et de peintures est le reflet des différents ressentis des artistes et des émotions ambivalentes qu’on fait naitre le projet.

Les différents visages que l’on voit, créé à partir de grillages, de papiers mâchés, de tissus et de peintures est le reflet des différents ressentis des artistes, et des émotions ambivalentes qu’on fait naitre le projet. (Photo L’info Petite Nation — Juliette Pissard)

Naissance d’un laboratoire à idées

C’est à partir de la réalisation de ce projet et de la diversité des réflexions autour de la question du droit des femmes que les cinq amies ont décidé de se regrouper régulièrement pour aborder des sujets autour du féminisme, des enjeux et défis personnels. Comme une mise en commun de pensées, d’introspections, d’histoires vécues dans une atmosphère où la bienveillance est prônée.
Le haut de la sculpture contraste avec les visages aux bouches béantes qui semblent hurler, aux sourcils froncés de colère ou d’indignation, aux langues rouges qui sortent comme une protestation.
« Sur le dessus, les petits personnages créent dans l’argile, représentent la mise en commun de nos souvenirs, de nos rêves. Ce sont à la fois nos défis personnels et collectifs », explique Krystel Levert.

Les petits personnages, créés dans l’argile, représentent la mise en commun de nos souvenirs, de nos rêves. Ce sont à la fois nos défis personnels et collectifs. (Photo L’info Petite Nation — Juliette Pissard)

Une création sororale

Le but initial de ce regroupement est avant tout, comme le mentionne l’artiste, d’apprendre à travailler ensemble, et ce, en respectant les différentes opinions ou manières de faire. Pendant plusieurs semaines, elles se sont retrouvées, ensembles ou séparément. Quand certaines arrivaient, d’autres repartaient et vice versa, pour mener à bien leur projet, chacune apportant sa pierre à l’édifice, une pierre à la fois, jusqu’à ce que l’œuvre prenne sa forme définitive.
« On ne pouvait pas enlever ou rajouter ce qu’une des personnes avait fait, même si l’on pouvait ne pas toujours être d’accord sur l’aspect esthétique par exemple. L’important c’était de respecter cet esprit de sororité, de solidarité, et d’entraide féminines », conclut l’artiste-maraichère.
L’œuvre actuelle est exposée au Centre d’action culturelle de la MRC de Papineau à Montebello dans le cadre de l’exposition Femmes au front.

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