Levée de boucliers associatifs pour plus de financement provincial
Les organismes communautaires autonomes de l’Outaouais prévoient une semaine d’actions et de grève du 21 au 24 février contre l’inaction du gouvernement Legault auquel ils réclament une rallonge budgétaire conséquente pour remplir adéquatement leur mission de services.
Cette protestation outaouaise s’inscrit dans un mouvement québécois de grande ampleur. Et les revendications traînent depuis des années selon eux. Tous les organismes communautaires connaissent les mêmes problèmes : pénurie de main-d’œuvre, horaires surchargés, difficultés à recruter, etc.
L’Outaouais connaît une difficulté supplémentaire selon les organismes: la concurrence déloyale des postes fédéraux à Gatineau et encore plus à Ottawa qui attire du personnel en quête d’une meilleure rémunération riche en avantages sociaux.
Le moment choisi pour cette semaine de manifestations est tout indiqué : le budget gouvernemental alloué aux organismes de bienfaisance est révisé, chaque année, au mois de mars. Il s’agit donc, pour les protestataires, de faire pression juste avant que ne soit prononcé le verdict.
À l’échelle provinciale, donc pour les quelque 4000 organismes communautaires, c’est un supplément de 460 millions de dollars qui est requis. En Outaouais, c’est une enveloppe de 20 millions.
Quand on parle de grèves dans le milieu social, on ne parle pas de grève totale. Une partie des activités perdurent. « On ne peut pas laisser les gens dans le désarroi voire à la rue», soutient le directeur général de la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais (TROCAO), Daniel Cayley-Daoust. Cela dit, si la situation continuait, on pourrait être dans un «service zéro» », prévient-il avec inquiétude.
Parmi les actions programmées, il y aura un piquetage à St-André-Avellin devant les bureaux de l’alliance alimentaire Papineau. « Et on ne sera pas loin de l’autre bureau de M. Lacombe», glisse le directeur général de la TROCAO.
Il va sans dire que la situation a empiré depuis l’avènement covidien. « Avant, c’était déjà préoccupant, car on était sous-financé, mais c’est pire maintenant », reconnaît-il. Dans ces métiers-là, le télétravail n’est pas généralisable. « On doit être sur le terrain, par exemple, pour distribuer de la nourriture », lâche-t-il, réaliste.
Petite-Nation plus affectée
À l’échelle purement locale, le son de cloche paraît identique. « On a été privilégiés, l’an passé, car on a bénéficié d’un rehaussement de l’aide économique dû à la recrudescence des violences conjugales. Mais cela reste un rehaussement qui correspond à seulement 80% de ce que l’on demandait il y a… 20 ans » relativise la directrice générale de la Maison d’hébergement pour Elles des Deux Vallées, Annick Brazeau.
Comme le martèle Mme Brazeau, son association a besoin de plus de personnels afin d’assurer tous les services, de mieux payer leurs employés et de régler les frais d’épicerie, les factures d’Hydro, etc.
Le gouvernement a pu, parfois, sous-entendre qu’il n’y avait pas que le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) et que lesdits organismes pouvaient organiser, eux-mêmes, des activités de financement. « Si on fait ça, c’est du temps qu’on ne peut pas consacrer aux gens. On ne peut pas tout faire en même temps », attaque Annick Brazeau.
« On fait partie de la solution donc plus d’investissement, c’est la clé. M. Legault le dit aussi qu’on est très importants, surtout depuis la pandémie, mais on n’a pas encore eu la reconnaissance financière », se désole-t-elle. Elle rappelle que certains organismes ont dû fermer temporairement à l’image d’Entraide familiale sis à Gatineau, faute d’investissement suffisant.
Et la disparité prend également des accents territoriaux. « Comparativement à la Vallée-de-la-Lièvre, dans Petite-Nation, tout est toujours plus compliqué : l’accès aux transports pour se rendre dans les organismes comme le nôtre ; le réseau Internet pas aussi bon et pas généralisé. Pour pallier le paramètre de la mobilité, on paie le taxi aux femmes victimes de violence conjugale pour les sortir, au plus vite, de leur enfer », détaille la directrice générale.
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