Une longue histoire qui a précédé l’arrivée du journal
Justin Léveillé-Smith
La Petite-Nation est une région gigantesque constituée d’une multitude de communautés. Il est donc difficile de survoler une histoire aussi vaste dans un seul article. Concentrons-nous alors sur les balbutiements de la région de la Petite-Nation ainsi que sur les évènements marquants de certaines municipalités.
Tout d’abord, le nom Petite-Nation est directement lié à l’histoire ancienne de la région et a son passé autochtone. En effet, la région a été habitée par les Oueskarinis depuis près de 5000 ans. Le peuple du chevreuil en langue algonquine était toujours présent sur le territoire lors de la colonisation française de la Nouvelle-France. Samuel de Champlain appela les autochtones du coin, les gens de la Petite Nation. Le nom fut donc gardé pour identifier la seigneurie créée en 1674 par Louis de Buade de Frontenac. La seigneurie est tout d’abord concédée à la Compagnie française des Indes occidentales. Par la suite, elle sera donnée au Séminaire de Québec en 1680 jusqu’au moment où Joseph Papineau l’acquit en 1801. Il faut spécifier que pendant ces 121 ans, beaucoup a changé entre-temps. En 1680, aucun territoire colonisé ne se trouvait à l’Ouest et au Nord de la seigneurie.
Dès le début du 19e siècle, plusieurs investissements effectués par des hommes d’affaires eurent un impact léger dans l’économie du bois de la région. Cependant, la complexité de la rivière de la Petite-Nation ralentit le processus, réduisant la marge de profit des entreprises. Comparativement à Buckingham, il n’y avait pas encore, au début du siècle, un désir de colonisation urbaine. Attirés par les tentatives de création d’entreprises, certains bucherons et agriculteurs s’installèrent dans la région, mais cela restera limité. Cependant, plusieurs moulins à grains et scieries virent le jour sous l’impulsion des engagements du seigneur.
En 1817, le fils de Joseph, Louis-Joseph Papineau lui achète la seigneurie. Homme politique de renom principalement connu pour son rôle de chef du Parti patriote, il gère la seigneurie depuis sa demeure de Plaisance. Il doit cependant quitter le Québec après l’échec des révoltes des Patriotes en 1837-1838. En 1835, la seigneurie était habitée par environ 800 habitants. Son isolement jouait en sa défaveur. En 1850, Papineau viendra s’installer dans son nouveau manoir situé à Montebello où il y prendra sa retraite. À cette époque, quelques paroisses parsèment déjà la seigneurie. Montebello, Plaisance, Papineauville, Notre-Dame-de-Bonsecours, etc. La famille Papineau prôna longtemps la colonisation des terres de la seigneurie. Certains villages le long de la rivière des Outaouais prirent de l’expansion, mais pour les villages un peu plus au Nord, comme Montpellier, Ripon, Chénéville et Saint-André-Avellin il faudra attendre la fin du 19e siècle pour y voir une croissance démographique plus marquée, et ce, malgré la présence de premières familles dès les années 1850.
L’année 1854 vint changer de nombreux aspects de la gestion des terres de la Seigneurie. En effet, Sir Louis-Hippolyte Lafontaine et Sir George-Etienne Cartier firent passer un acte abolissant le régime seigneurial dans tout le Canada-Uni. Louis Joseph Papineau devint ainsi le dernier seigneur de la Petite-Nation. Il restera cependant propriétaire des terres, qu’il lèguera à ses enfants à sa mort en 1871.
Au fil des décennies, chaque village de la Petite-Nation se développa à son propre rythme. Typiques des villages industriels, certains d’entre eux connurent une croissance importante dans les premières décennies du 20e siècle. Certes, cette croissance ne se compare pas aux grandes villes industrielles de l’époque, mais elles ont permis de garder un certain équilibre entre la croissance urbaine et la conservation du patrimoine.
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Ce qui apporte un caractère particulier aux villages de la Petite-Nation, c’est que malgré leur proximité géographique et leur histoire commune, elles ont toutes une évolution historique qui leur est propre et qui dépend en majorité de l’attrait économique principal de chacune d’entre elles. Pour Thurso, l’industrie de transformation du bois a eu un impact important sur sa croissance démographique et urbaine. L’ouverture de l’usine de couture Singer Manufacturing Co. en 1929 et de l’usine de pâte et papier, Thurso Pulp and Paper en 1956 témoigne de l’importance industrielle dans le secteur. Pour les villages de Saint-André-Avellin, Montpellier, Chénéville, Saint-Sixte ou Val-des-Bois situés dans l’arrière-pays, leur économie demeure assez variée. La foresterie a été longtemps un assez grand employeur pour la région, mais son économie s’est aussi orientée vers l’artisanat et la villégiature, surtout depuis les années1970.
Pour ce qui a trait à Montebello, Papineauville, Fassett et Plaisance, leur proximité avec l’axe majeur qu’est le fleuve Saint-Laurent a permis à ces municipalités une transition économique importante. Au cours de la seconde partie du 19e siècle et première partie du 20e siècle, leur économie était tournée vers diverses industries. Quai de distribution, transport des produits, produits forestiers. Ces villages, qui pour certains deviendront des villes au fil des ans, se tournent rapidement vers une économie touristique et de villégiature. Des attraits d’importance situés sur ce territoire attirent un tourisme national et même international. Le Chateau Montebello, plus grand bâtiment en rondins de bois au monde, construit en 1930 s’installe dans la transition économique de la Petite-Nation. On peut y voir de multiples exemples de l’intérêt économique du tourisme un peu partout. L’aménagement du lac Simon, du lac des Plages, la création du parc Omega ainsi que la création de nombreux parcs naturels et aires protégées s’inscrivent dans ce mouvement.
Un autre aspect d’importance peut expliquer la croissance urbaine des différentes municipalités qui parsèment la Petite-Nation. Cet aspect est sa proximité avec deux villes d’importance. Situées entre Montréal et Ottawa-Gatineau, et présentant un environnement pittoresque, elles s’assurent d’un flot constant de touristes pour différents types d’activités. Cet aspect prend encore plus d’importance pour les municipalités de Mulgrave-et-Derry, Mayo et Lochaber. Toutes près de Buckingham, pôle économique important au cours du 19e et 20e siècles, les citoyens de ces deux localités ont pu bénéficier des services de la ville tout en pratiquant l’agriculture, principale activité de ce coin rural de l’Outaouais.
Ce court survol de l’histoire de la Petite-Nation démontre à quel point un ensemble de villages, villes et municipalités peuvent partager des valeurs semblables tout en aillant un caractère qu’il leur est propre, une histoire unique à chacun. L’info de la Petite-Nation créée en 1961 permet au fil de ses publications de voir ces ressemblances et distinctions. L’histoire de la région continue de s’y écrire.
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